Cathédrale et aussi Basilique Saint Corentin - Quimper

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Cathédrale-Basilique saint Corentin

LA CATHEDRALE & BASILIQUE SAINT CORENTIN - QUIMPER (Finistère)

La cathédrale Saint‑Corentin est un lieu de culte catholique sous le patronage de Notre-Dame et du premier évêque légendaire dont elle porte le nom, saint Corentin.

Elle est le siège du diocèse de Quimper avant la Révolution française. l'édifice est, depuis 1801, le siège du diocèse de Quimper et du Léon.

Le monument actuel de style gothique est édifié au XIIIème siècle sur la base d'édifices plus anciens, et achevé sous le Second Empire. Il présente une apparente unité architecturale malgré un chantier permanent durant six siècles, marqué d'hésitations, d'arrêts dans la construction et de repentirs.

Classée Monument Historique sur la liste de 1862, la cathédrale est entièrement restaurée dans les années 1990 et 2000 qui voient la consolidation de ses structures et la restitution partielle de sa polychromie originelle plus vive.

Cathédrale-Basilique saint Corentin

La cathédrale est considérée comme l'élément majeur du patrimoine Quimpérois, attirant de nombreux touristes venus admirer ses flèches culminant à plus de 75 mètres au-dessus du sol et encadrant la statue du roi légendaire Gradlon.

La cathédrale saint Corentin a été honorée du titre de basilique mineure le 11 mars 1870 par le pape Pie IX.

Au titre de Basilique, l'édifice détient effectivement son ombrellino. Cet ombrellino ou gonfanon, est ici  plutôt original puisque c 'est  en fait d'abord un vitrail qui le représente. Il est situé au-dessus de la porte de la sacristie. Le voici photo.

 En octobre 2019, la basilique s'est dotée d'un ombrellino plus traditionnel que voilà photo. Il est localisé à gauche du maître-autel. Il est en soie et personnalisé dans ses franges par des hermines et la truite de Saint Corentin.

L'autre élément distinctif d'une basilique est le tintinnabulum (la clochette qui annonce les processions). Ici, dans la basilique, cette clochette se trouve  à proximité de l'ombrellino. Ces deux éléments, ombrellino et tintinnabulum, on été bénis par l'évêque de Quimper et de Léon, Monseigneur Laurent Dognin, le dimanche 13 octobre 2019.

HISTOIRE

La cathédrale-basilique actuelle occupe un emplacement où plusieurs sanctuaires se sont succédé et dont l'historien sait peu de choses, faute de textes et de fouilles archéologiques.

La cathédrale pré-romane

Une cathédrale est élevée sous l’épiscopat de Félix (titulaire du siège de Cornouaille en 835), déposé par Nominoé en 849 sous prétexte de simonie, mais plus probablement en raison de son origine ou de son obédience franques.

La cathédrale romane

Bien qu'attestée en 1128 et en 1424, la cathédrale romane n'a pas fait l'objet d'études historiques, ni de fouilles archéologiques. On ignore donc pour l'essentiel ses caractéristiques et l'époque de sa construction. Le seul vestige connu est un chapiteau sculpté retrouvé en 1879 dans la façade d'une maison à proximité de la cathédrale. Aujourd'hui, cet élément lapidaire est conservé au Musée départemental breton de Quimper. De forme presque cubique, il est orné dune couronne de feuillages débordants dont les tiges forment aux angles des quatre feuilles et pourrait provenir du rond-point de la cathédrale. Il a sans doute été produit dans le dernier quart du XIème siècle.

Sa place au cœur du réseau viaire concentrique du Quimper médiéval permet néanmoins de supposer que sa construction est liée à la réorganisation de l'espace public situé aux alentours. En effet, ainsi que l'ont démontré les fouilles archéologiques, l'actuelle place Laënnec accueille à partir de 1060 - 1080 un grand cimetière traversé par des allées convergeant vers la nef de l'actuelle cathédrale gothique, emplacement supposé de la cathédrale romane. Jean-Paul Le Bihan émet l'hypothèse que ce grand projet urbain est ordonné par le duc de Bretagne et comte de Cornouaille Hoël II, dont la famille a fréquemment été associée à la charge d'évêque de Quimper. Le culte de saint Corentin est également très vivace chez les princes cornouaillais. Cette période de construction, commençant aux alentours de 1070, est compatible avec le chapiteau roman mentionné par Le Men

Le Bihan fait également l'hypothèse que l'emplacement de la cathédrale romane à cet endroit - sous la nef de l'actuelle cathédrale gothique - aurait permis la conservation d'un monument plus ancien le temps des travaux et situé sous le chœur de l'actuelle cathédrale gothique. Cet emplacement est également davantage à l'abri des grandes marées qui peuvent remonter le cours de l'Odet. La découverte, en 1992, des vestiges d'une abside sous le bras nord du transept gothique laisse supposer la présence d'un baptistère de plan circulaire construit à l'arrière du chevet roman.

D'après Le Men, le chœur de la cathédrale romane est démoli en 1424 pour laisser place aux travaux de construction de la nef gothique. Le Bihan pense que c'est la cathédrale entière qui a été démolie à cette occasion.

 

La cathédrale gothique

La cathédrale gothique est construite en trois fois, l'impulsion initiale étant donnée en 1239 par un horsain, l'évêque de Cornouaille Rainaud.

L'édification du chœur

De 1240 à 1336 est construit le chœur (consacré en 1287) à l'Est de la cathédrale romane qui est conservée pour le culte mais les travaux sont interrompus par la guerre de Succession de Bretagne et ne sont achevés que sous l'épiscopat de Gatien de Monceaux.

Les voûtes sur croisées d'ogives sont lancées de 1408 à 1415, peintes en 1417.

Les verrières traitées au jaune d'argent sont, quant à elles, sont mises en place entre 1417 et 1419.

Plan montrant le 'désaxement'

L'édification de la nef

Sous l'impulsion de l'évêque de Cornouaille Bertrand de Rosmadec, la première pierre de la façade est posée le 26 juillet 1424.

La nef et le transept sont construits de 1424 à 1485, après démolition de la cathédrale romane.

Les portails Nord (portail des Baptêmes) et Sud (portail Sainte-Catherine) sont en place avant 1433.

Après 1460, la nef vient se greffer sur le chœur par l'intermédiaire du transept, que surmonte un clocher central de 16 mètres.

Les voûtes de la nef, enduites d'ocre et tracées à l'imitation d'un assemblage de briques, ne sont complètement posées qu'entre 1486 et 1493.

La cathédrale a un plan en croix latine et possède la particularité d'avoir une déviation vers la gauche de l'ordre de 10°de l'axe du chœur par rapport à la nef. Plusieurs hypothèses ont été données pour expliquer ce 'désaxement' :

hypothèse la plus vraisemblable : contrainte due à la configuration du terrain ('désaxement' pour éviter le sol humide trop instable proche de la rivière) qui empêche de modifier l'axe de la cathédrale romane,

choix symbolique de rappeler la position de la tête du Christ sur sa croix,

choix rationnel de raccorder l'édifice à la chapelle romane de la 'Victoire' qui était alors une structure indépendante et un symbole important de la mythologie comtale (mémorial de la victoire du comte de Cornouaille Alain Canhiart sur son suzerain Alain III en 1031) avant de devenir la chapelle axiale,

présence du palais épiscopal au Sud et de l'urbanisme naissant, avec ses axes comme la rue Kéréon et la place sur laquelle la façade de la cathédrale ne pouvait être placée en biais, ce qui interdit de prolonger l'axe gothique du chœur et impose de conserver l’orientation de la nef romane.

Le porche sud a été réalisé par l'atelier ducal du Folgoët. Les vitraux anciens furent réalisés par Allain Cap, un célèbre peintre verrier.

Les temps modernes

Le 10 août 1613 a lieu l'incendie de la toiture de la tour nord. Le 1er février 1620, la flèche de la tour de plomb est touchée par la foudre. Les chanoines du chapitre approchent les saintes reliques des flammes ; peine perdue, l'incendie poursuit ses ravages, malgré l'emploi de 150 barriques d'eau et d'une cinquantaine de charretées de fumier.

Pour lutter contre ce fait de sorcellerie, les chanoines décident alors de jeter dans le brasier un pain de seigle renfermant une hostie et d'asperger le feu d'eau bénite mélangée à du lait de femme.

Miraculeusement, le démon quitte les flammes et le feu s'éteint, mais le clocher est totalement ruiné. La légende affirme que le pain de seigle contenant l'hostie fut retrouvé intact au milieu des cendres. Cette anecdote est connue sous le nom du "diable de Quimper-Corentin".

De 1643 à 1644 sont construits l'orgue et sa tribune8. La chaire baroque, de bois polychrome et doré, est une œuvre de 1679, due à Jean Michelet et Olivier Daniel, maître menuisier et maître sculpteur quimpérois, qui représentent dans des médaillons de la cuve et sur la rampe d'escalier différents épisodes de l'histoire de saint Corentin.

La Révolution

Sous la Révolution, la cathédrale est transformée en temple de la Raison.

Les échoppes accrochées aux flancs de la cathédrale sont converties en débits de boisson.

Mobilier, objets sacrés et statues polychromes sont brûlés ou dispersés.

Selon la tradition locale, un menuisier, Daniel Sergent, réussit à soustraire aux profanations les prétendues reliques de saint Corentin et celles du bienheureux Jean Discalceat et les transporter en l'église d'Ergué-Armel.

Le bâtiment n'est rendu à sa vocation religieuse qu'avec le Concordat.

Seules les reliques de saint Corentin sont restituées à la cathédrale.

La cathédrale et ses échoppes vers 1740

La restauration et l'érection des flèches au XIXe siècle

À Quimper, vers 1838, les cabarets les plus prospères jouxtaient la cathédrale ou y étaient accolés. L'un d'eux avait même une porte donnant directement sur le porche. Parfois on entend des chants bachiques se mêler aux chants religieux. En sortant, on urine volontiers contre le temple sacré. La municipalité fait détruire plusieurs de ces cabarets. L'effet ne fut pas merveilleux. Leur emplacement servit d'urinoir et de dépôt d'ordures.

Sous l'impulsion de l'évêque de Quimper Mgr Graveran gagné aux reconstitutions d'Eugène Viollet-le-Duc, une importante campagne de restauration est confiée à l'architecte diocésain Joseph Bigot. À l'intérieur de la cathédrale, on croit 'reconstituer' une atmosphère médiévale en créant des vitraux à médaillons historiés et du mobilier néo-gothique, en supprimant les retables et en recouvrant de patine ou de brou de noix les couleurs des enduits et des bois. Yann Dargent est alors engagé pour orner les murs des chapelles de scènes tirées de l'évangile et de La Légende dorée.

Mgr Graveran décide notamment de reprendre le projet des flèches, ébauché par Claude de Rohan.

Il impose aux fidèles le 'sou de saint Corentin', consistant pour chaque habitant du diocèse à donner un sou par an, pendant cinq ans, pour financer les travaux d'un coût de 150 000 francs. Les flèches néo-gothiques sont dressées en 1854 par Bigot, architecte du château de Kériolet.

Les flèches sont réalisées de 1854 à 1856 par le maître-maçon Pierre Nestour et le tailleur de pierres Corentin Quéré. Le peintre-verrier Émile Hirsch réalise jusqu'en 1875 23 verrières, sous la direction de Bigot.

La clôture de chœur est l'œuvre du ferronnier et serrurier parisien Jules Everaert qui réalise de 1866 à 1868 une grille de fer forgé d'1,70 m de hauteur. En 1875-1876, le même artisan met en place une grille en fer ouvré au-dessus des stalles en châtaignier.

Le fameux "autel d'or" (ancien maître-autel de la cathédrale en chêne recouvert de bronze doré et émaillé, sous un baldaquin à séraphins, œuvre de l'orfèvre Poussielgue et du statutaire Geoffroy-Dechaume, d'après les dessins de Boeswillwald) présenté à l’exposition universelle de 1867 est un présent de Napoléon III, premier chef d'État français à se déplacer officiellement à Quimper.

La cathédrale est classée Monument Historique sur proposition de Prosper Mérimée le 28 mars 1837 et est placée sur la liste de 1862.

 

Cathédrale au XIXème siècle

Nef de la cathédrale-basilique

La cathédrale-basilique au début du XXIe siècle

Malgré l'importante campagne de restauration menée dans les années 1870 par l'architecte diocésain Joseph Bigot, l'édifice souffre de désordres qui nécessitent une reprise des travaux dans le cadre des lois de programme sur les monuments historiques de 1989-1993 et 1996-1999.

La cathédrale-basilique Saint-Corentin fait ainsi l'objet d'opérations de rénovation durant près de vingt ans, subventionnées par le ministère de la Culture, par le biais de la Conservation régionale des Monuments historiques, service de la DRAC Bretagne. Il s'agit de consolider les structures de la cathédrale-basilique (dès 1982, les études ont montré des fissures dans les voûtes du chœur malgré le remplacement, par l'architecte diocésain Joseph Bigot, des tirants métalliques installés dès 1777), notamment par le recentrement des charges pour pallier le déversement des culées d'arcs-boutants.

La restauration a également porté sur le remplacement des pierres abîmées, le traitement des fresques et la création d'un mobilier liturgique contemporain (maître-autel, cathèdre et ambon), dû au sculpteur Pierre Manoli en 1999. Le choix d'une restitution de la polychromie que partielle a fait l'objet de controverses, y compris au service des Monuments historiques dont plusieurs architectes ont critiqué le manque d'audace ou la décoration aseptisée.

Le chœur restauré de 1988 à 1993 est inauguré à la Saint Corentin les 12 et 13 décembre 1993.

La nef et ses transepts sont restaurés de 1995 à 1999, le grand orgue de 1995 à 2003, les tours et des flèches de 2004 à 2007, le portail occidental qui souffrait de nombreux maux (desquamation, désagrégation due à l’action des sels solubles, fissures dues aux efforts de compression, érosion due aux pluies battantes, croûtes noires dues à la pollution, développement de végétaux) de 2007 à 2008. L'inauguration du portail occidental, le 12 décembre 2008, marque la fin de ce travail de restauration.

Dimensions de la cathédrale - basilique

 

EXTERIEUR

Façade

La façade harmonique tripartite à deux tours, débutée au XVème siècle et finalisée sous l'épiscopat de Mgr Graveran, a un style resté proche du gothique normand du XIIIème siècle, seuls des détails comme les remplages témoignant d'un environnement flamboyant.

Elle a comme originalité de n'avoir qu'un portail central encadré par deux grandes baies en tiers-point, les deux portails latéraux étant déportés sur les façades Nord et Sud, au niveau de la première travée des bas-côtés.

Ce porche est surmonté d'un mur pignon triangulaire percé de deux grandes baies superposées en plein cintre dont le maillage orthogonal traduit l'influence de l'architecture anglaise car il n'est pas sans rappeler la chœur des Anges de la cathédrale de Lincoln.

Les tours hautes de 75 mètres (les flèches font quant à elles 36 mètres), sont influencées des clochers normands et découlent des recherches de la chapelle de Notre-Dame-du-Mur à Morlaix, du clocher de la chapelle Notre-Dame du Kreisker et de la flèche de l'église Saint-Pierre de Caen. Les deux tours sont percées de baies très allongées et couronnées par deux galeries ajourées et superposées, cette formule originale étant reprise et adaptée à de nombreuses églises rurales de la Bretagne occidentale.

Les flèches ne datent que du milieu du XIXème, entre 1854 et 1856, réalisées par l'architecte Joseph Bigot. Elles sont inspirées en grande partie de celle de l'église Notre Dame de Roscudon de Pont-Croix, datant du milieu du XVème siècle, et dans une moindre mesure de celle du Kreisker à Saint Pol-de-Léon. Elles prennent leur appui sur la plateforme qui présente une galerie de couronnement composée de trois registres : deux rangs étroits de quatre-feuilles ou de soufflets encadrant une suite d'arcatures brisées et trilobées.

Quatre clochetons de forme octogonal encadrent aux quatre points cardinaux quatre baies divisées par un meneau central, surmontées d'un gâble ajouré. Dans la partie supérieure de la flèche s'échelonnent des quatre-feuilles ajourées, surmontés de petits gâbles à crochets et fleuron. Les huit ouvertures situées au sommet sont empruntés au Kreisker. Les arêtes des angles sont ornés de crochets.

La travée centrale de la façade est épaulée par une double rangée de contreforts ornés de niches superposées et couronnées d'un dais, amortis de pinacles et surmontés de fausses arcades en mitre décorant les angles de la tour.

Portails

Façade occidentale

 

Vue du portail occidental de la cathédral Saint-Corentin de Quimper.

 

Portail Sud : "Portail de Notre-Dame" ou "Portail de Sainte-Catherine" orné d'une plate-bande à coussinets arrondis et d'un fronton armorié.

Portail Nord de Notre-Dame de la Chandeleur percé d'une baie en tiers-point et sans tympan, surmontée d'une accolade ornée de choux frisés et amortie par un fleuron.

INTERIEUR

Les vitraux

Les vitraux de la cathédrale-basilique de Quimper composent un ensemble particulièrement riche. Cependant, cet ensemble apparaît au visiteur du XXIème siècle gravement mutilé.

Toutes les verrières basses anciennes ont été perdues. Quant aux verrières hautes, une grande part d'entre elles est, au moins en partie, ancienne, mais les restaurations menées depuis le XIXème siècle, très lourdes, rendent difficile la distinction entre les éléments anciens et modernes.

La plupart des verrières anciennes conservées, au moins en partie, remontent aux travaux du XVème siècle. L'ensemble des vitraux des parties hautes ont été déposés en 1942, puis reposées dans les années 1950-1960.

La nef désaxée

La chaire à prêcher

Chapelle Notre-Dame-de-Lourdes

Les grandes orgues

Les Grandes orgues, construites par Dallam en 1643, plusieurs fois reprises ou même refaites en 1848 par Cavaillé-Coll. Elles sont restaurées en 2000 par Giroud.

Le premier orgue connu de la cathédrale fut offert par Mgr Bertrand de Rosmadec et commandé, en 1424, au facteur Hervé Guillemin. Cet instrument est utilisé pendant le XVIème siècle et est remplacé par un nouvel instrument en 1595. C'est ce dernier qui se trouve probablement à bout de souffle quand Robert Dallam émigre d'Angleterre en 1642 ou 1643. Dans une note non datée, celui-ci parle de la commande qu'il a réalisée pour 5 300 livres du grand orgue de la cathédrale. Cet instrument devait comporter 25 ou 26 jeux répartis sur trois claviers et pédalier. Il place cet instrument au fond de la grande nef, dans le buffet que nous admirons encore aujourd'hui et servira lui-même d'organiste jusqu'en 1646. Une première restauration date de 1672 et est réalisée par le Père Innocent, un carme.

En 1701, on fit venir des facteurs d'une autre ville. La seule trace de leur passage est une pittoresque note d'auberge. Leur travail ne dut pas être remarquablement exécuté puisqu'en 1702, c'est l'organiste lui-même, Guiomar, facteur à ses heures, qui fait une réparation assez délicate. Le même Guiomar retravaille en 1703 et son mémoire nous mentionne un Cromorne et une Voix humaine ignorés en 1838 par Cavaillé-Coll, dans son premier devis. Il faut croire que le palliatif des révisions par Guiomar ne fut pas satisfaisant puisqu'en 1704, le chapitre appelle Jacques Le Brun, de Nantes, pour faire un relevage de tout l'orgue.

En 1747, Henri Lesclop est chargé de critiquer le mémoire présenté par le facteur parisien, Marcellin Tribuot. Lesclop, dans ses observations judicieuses, parle d'un ravalement, opération qui permettrait de gagner des notes aux extrémités de l'échelle sonore, d'une Trompette et d'un Clairon ainsi que d'un 4 pieds et d'un Nazard à la pédale. Toutes les remarques de Lesclop sont à noter, car elles intéressent tant la facture que l'interprétation. Les travaux de Tribuot sont reçus en 1749. Le facteur François-Marie Verax effectue des travaux en 1750.

Pillé pendant la Révolution, l'orgue est révisé, en 1795-1796, par François Marquer qui y ajoute de nombreux tuyaux provenant de l'orgue des Jacobins de Morlaix construit par Florentin Grimont, un élève de Clicquot. L'instrument fait l'objet d'une autre restauration en 1816 par Pierre Alexandre dit Mobeche.

En 1838, les chanoines de Quimper songent à restaurer complètement le vieux Dallam et pensent aussitôt au jeune et déjà remarquable facteur, Aristide Cavaillé-Coll. Son devis est fort respectueux du vieil instrument qu'il se contente de vouloir ranimer. Il est cependant déçu par la trop grande faiblesse de la pédale, à son avis, et désire lui adjoindre une Flûte de 16 pieds et une Bombarde. Il songe aussi à ajouter une Bombarde au Grand-Orgue et à remplacer le Hautbois du Positif. Enfin, il veut transformer l'Écho en le plaçant dans une boîte expressive à volets et en y ajoutant une Trompette et un Cor anglais. Si ces travaux s'étaient réalisés, nous aurions eu un orgue parfaitement 'néo-classique' au sens du XXème siècle, mélangeant le détail, la finesse, la puissance et l'expression. Faute de ressources, le projet n'a pas de suite. Bien sûr, malgré son respect des jeux anciens, le facteur romantique pense déjà expression et puissance, mais garde l'équilibre ancien d'un grand plein-jeu.

En 1846 le dossier de l'orgue de Quimper est rouvert. Cavaillé-Coll, qui a progressivement changé son esthétique, produit un nouveau devis tout à fait différent d'esprit de celui de 1836. Il faut ajouter, et Cavaillé-Coll ne s'en prive pas, qu'en huit ans, l'orgue s'est détérioré et qu'il doit faire un plus gros travail. S'il transforme l'univers sonore et supprime beaucoup de jeux de détail, le facteur garde une grande luminosité à l'ensemble avec les nombreux rangs de mixtures qu'il conserve. Il utilise une traction purement mécanique, sans machine Barker, une console attachée et un Positif de dos. Finalement, ce projet est réalisé avec l'aide de Jules Heyer et de Burchtroff. L'orgue de Cavaillé-Coll est reçu avec quelques réserves en 1848 par Marie-Pierre Hamel, expert délégué par le Ministère des Cultes. L'instrument comportait 40 jeux répartis sur trois claviers de 54 notes et un pédalier de 25 notes.

En 1900, une nouvelle restauration, plus regrettable, a lieu. On supprime la tribune de Dallam pour placer, sous l'orgue, une lourde construction en granit de style gothique. Les facteurs, les frères Henri et Herman Wolff, sont chargés de l'instrument lui-même. Ils vident le Positif conservé par Cavaillé-Coll et le transportent à l'intérieur du buffet principal. Ils remanient la composition de Cavaillé-Coll qu'ils alourdissent encore en supprimant, par ce déplacement du premier clavier, ce qui pouvait subsister de l'équilibre primitif. La console est indépendante et placée dans ce qui était le Positif. L'étendue des claviers est portée à 56 notes et celle du pédalier à 30 notes alors que le nombre de jeux est porté à 50. L'instrument révisé est inauguré par Louis Vierne le 20 octobre 1901.

Les frères Wolff interviennent en 1904, 1906 et 1912 pour installer et réparer une soufflerie électrique.

En 1956, le facteur Jean Hermann démonte complètement l'orgue et commence un travail d'électrification de l'instrument accompagnée d'une augmentation qui doit porter le nombre de jeux à 70. Malheureusement, les devis ne comprennent pas la remise en place du Positif. Le facteur meurt en laissant son ouvrage inachevé. Celui-ci est repris tout d'abord par la maison Roethinger qui continue dans la même direction lorsque son établissement fait faillite. C'est finalement la maison Danion-Gonzalez qui est appelée à achever ces travaux, selon une étude de Marcel Dupré. Pareille finition d'un matériel maintes fois revu, sur un plan souvent bouleversé par les différents facteurs, est fort délicate. Achevé début décembre, l'orgue est inauguré le 12 décembre 1971, en la fête de saint Corentin, par Gaston Litaize et son ancien élève, le titulaire Pierre Bordron.

Grand instrument sans caractère particulier basé sur le tutti, à traction électrique, surdimensionné par rapport au buffet, et dont le résultat sonore est à l'inverse du nombre de jeux. Quelques bourdons, des pieds d'anches et le Cromorne datent environ du XVIIème siècle et pourraient être sortis, comme le buffet, des mains de Robert Dallam. Une grande partie du matériel est de Cavaillé-Coll. Pour le reste, il provient des trois derniers facteurs qui ont travaillé sur l'instrument. Trop touffu, mal distribué, le résultat sonore n'est pas à la mesure dans aucune famille de jeux, dont ni les tailles, ni les caractéristiques de l'harmonie ne sont respectées.

Une restauration, effectuée de 1993 à 2003 par la maison Giroud-Nonnet, a permis de réhabiliter le buffet ancien avec son Positif de dos en revenant à un instrument à traction mécanique où domine l'influence de Cavaillé-Coll.

Toute la mécanique et le système d'alimentation sont neufs. Sont neufs également une grande partie des jeux excepté les pieds d'(anches de la Pédale, quelques jeux de fonds provenant en majorité de Cavaillé-Coll (XIXe siècle) ainsi que le Bourdon 16' du Grand-Orgue et les anches du Positif (XVIIème et XVIIIème siècles).

Ce nouvel instrument, un grand  'français', est le fruit de l'heureuse osmose entre le classique et le romantique. Classique par son Grand-Orgue et son Positif (pleins jeux, jeux de tierces), romantique par son Récit expressif mais aussi par une partie des fonds du Grand-Orgue d'origine Cavaillé-Coll. Le facteur Jacques Nonnet s'est attaché à fondre avec élégance les différentes époques de ce grand orgue qui sera sans aucun doute une référence. Cet instrument permettra de servir avec bonheur la majeure partie du répertoire depuis le XVIème siècle et même la musique contemporaine.

Les grandes orgues ont été inaugurées le 20 juin 2003, par Olivier Struillou, organiste titulaire ainsi que par Pascale Melis, et François-Henri Houbart.

 

 

 

Saint Corentin et les miracles

A l'époque du roi Gradlon, Saint Corentin s'établit en ermite sur l'actuelle commune de Plomodiern pour se consacrer entièrement à la prière.

Le saint homme réalisa dès lors plusieurs miracles.
Un jour, Gradlon, le roi de Cornouaille s'en alla chasser avec sa troupe dans l'épaisse forêt qui recouvrait alors la plaine du Porzay.

e roi d'y égara et trouva finalement, fourbu et affamé, l'ermitage de Corentin.

Celui-ci réussit le prodige de nourrir toute la troupe grâce à un seul petit poisson. C'était le poisson dont il se nourrissait quotidiennement : chaque jour il ne prélevait qu'une tranche, puis replaçait le poisson qui dans l'eau aussitôt se reconstituait.

Le roi, ébloui par ce prodige, décida de donner son château près du confluent (Quimper) à Corentin et lui demanda de devenir le premier évêque de son royaume.

Une autre fois, affluèrent dans la fontaine des anguilles imprévues, pour que Corentin puisse recevoir décemment les évêques Melaine († 530) et Patern († entre 490 et 511) et la fontaine ce jour-là, aurait même donné du vin !

Un autre miracle encore quand une source jaillit près de l’ermitage d’un voisin âgé et perclus qui avait mille peines à descendre chercher de l’eau.

Note : Saint Corentin (Sant Kaouritin) est le patron des ouvriers agricoles et est invoqué contre les engelures.
 

Saint Corentin est fêté le 12 décembre.

 

 

Saint Corentin

 

 

30 novembre 2020

Note : Informations issues essentiellement de 'Wikipédia', 'infobretagne.com' et de 'musiqueorguequebec.ca/orgues/france/quimpersc'.