Le lavoir et les lavandières jadis

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Le lavoir et les lavandières

Le lavoir était un endroit privilégié où n'entraient que les lavandières. Elles étaient gaies et bavardes ("klaquen" en breton).

Le lavoir, surtout public, était un lieu protégé, nettoyé par un employé communal chaque dimanche matin pour qu'il soit propre et plein dès le lundi matin.

Le lavoir, parfois l'unique du bourg, était très fréquenté et il fallait souvent retenir sa place pour y mettre sa caisse. Le lundi était très prisé notamment  car on changeait le linge le dimanche et il fallait absolument le laver au plus vite car, bien sûr, la 'garde-robe' ne débordait pas de tenues multiples. Les laveuses venaient mettre leur caisse la veille pour être assurées d'avoir de la place. A tel point que la plupart des lavandières entreposaient la veille, leur caisse remplie de paille à l'abri dans un champ en face du lavoir. Cette caisse leur servait pour y mettre les genoux.

Ah bon, leur genoux ! On imagine pas trop bien leur position. Eh bien les voici nos lavandières à leur poste de travail comme ici photo ou ici photo .

Laver le linge avec l'eau courante, et à la température de l'eau courante bien évidemment. Sauf qu'il fallait parfois bouillir l'eau pour laver le linge en lin notamment. C'est pourquoi, souvent près des lavoirs de classe, il y avait un foyer ou à défaut, on chauffait l'eau dans des grandes bassines ou des chaudrons. Voici en photo photo, une indication du comment cela se passe !

Selon la tradition orale, les lavoirs "d'en bas" étaient toujours pollués. Pour alimenter le lavoir, l'eau était remontée des puits à l'aide d'un seau et d'un treuil manuel rustique, ou à l'aide d'une chaîne à godets à partir de 1930 et plus tard, à l'aide d'une pompe. L'eau était utilisée avec parcimonie : la toilette hebdomadaire était prise dans un baquet. Effectivement, on mesurait déjà à l'époque le coût de l'eau, ne serait-ce qu'en dépense énergétique physique pour se l'approprier.

Pour l'avoir, et non lavoir cette fois-ci, connu dans mon enfance, pour l'usage domestique en cuisine ou pour sa toilette, ça devenait parfois une corvée que devoir aller chercher de l'eau au puits au seau, avec parfois plein les bottes (d'eau bien sûr suite à une trop forte agitation du seau, et ça fait des vagues! et ça remplit les bottes qui font alors ouich, ouich...).

Il n'y a qu'un peu plus d'un demi siècle que l'usage des lavoirs a fortement baissé pour vraiment être abandonné de nos jours (sauf rare exception... exceptionnelle). A titre d'exemple, une douzaine de lavoirs étaient encore utilisés à la fin du 20ème siècle sur la commune de Perros Guirec, et pas seulement pour laver le linge, mais aussi pour laver les voitures. Un lavoir ça sert à laver n’est-ce-pas !

Et puis, il y un outil indispensable à la lavandière : c'est le 'carrosse de la lavandière'...

Une description de cet outil s'impose. Le voici (extrait tiré de 'https://www.objetsdhier.com/carrosse-de-lavandiere-1308').

Cet objet rudimentaire s’appelle aussi 'agenouilloir' ou encore 'baquet', 'cabasson' dans le Gâtinais, 'baillot' en Charente, 'boite à laver', 'caisse', 'auget', 'triolo' et également 'caboulot', 'casseau', 'garde-genou'…

En fait, le 'carrosse de lavandière' (c'est le terme que JMJ préfère), est une simple caisse en bois, d’allure rustique mais toutefois pratique car elle permettait à la lavandière de se tenir à genoux devant le lavoir, sans mouiller sa robe.

Le carrosse est aussi une protection pour les genoux car la lavandière était à genoux lors de la lessive. Pour ce faire, le fond du carrosse était tapissé de paille ou de foin, de morceaux de chiffons ou de tissus ou encore garni d’un coussin de plumes, pour rendre la posture moins douloureuse.

Le carrosse était calé sous la pierre à laver du lavoir. Un astucieux petit rebord, droit ou incliné, situé sur le haut du carrosse permettait de caler la planche à laver depuis le fond du bassin du lavoir ou sur la rive de la rivière, une partie de la planche à laver dans l'eau, l'autre immergée. Il pouvait aussi être doté d'une prise évidée sur la face principale, permettant ainsi de le saisir et de le transporter. 

Les carrosses étaient réalisés dans des bois simples, type peuplier ou sapin. Ils étaient le plus souvent cloués et les assemblages étaient très souvent renforcés par des équerres ou par des languettes de bois verticales.

Rares sont les carrosses décorés car leur aspect très utilitaire ne le nécessitait pas.

Et lorsqu’ils le sont, c’est au moyen de clous ou de sculptures au canif, plus résistants à l’eau que la peinture.

Le carrosse faisait partie des outils indispensables de toute bonne lavandière parmi lesquels se trouvaient une brouette, une brosse, un battoir, des pinces à linge, un savon et le fameux carrosse. Contrairement ce que vous pourriez peut-être penser, une lavandière ne repassait pas le linge : c'est la repasseuse qui exécutait cette tache.

Le lavoir était un haut lieu d'informations : les cancans et autres histoires croustillantes y circulaient bien vite. Les langues étaient bien déliées et l'ambiance printanière y était souvent fort agréable.

De nombreux carrosses, devenus inutiles à cause de la lessiveuse puis de la machine à laver, ont fini leur vie dans des poulaillers, en guise de nichoirs !