Description générale d'un lavoir (Ain - Isère)

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Les lavoirs, bien que peu ou plus utilisés, sont encore nombreux dans l'Ain. Il est recensé environ 900 sur l'ensemble du département. Ils sont, tout comme l'église ou bien le four banal, des éléments structurants du paysage local.

Avant l'arrivée de l'eau courante dans les foyers, les lavoirs avaient une grande importance pour le lavage et le rinçage du linge mais constituaient également un point de rencontre incontournable pour de nombreuses femmes jusqu'au milieu du XXème siècle.

Les communes se sont quasiment toutes dotées de cet équipement dans la seconde moitié du XIXème siècle, soutenues en cela par une subvention de l’État à hauteur de 30% du coût total (loi de septembre 1851) dans le cadre du développement du courant hygiéniste. L’hygiénisme est un ensemble de théories politiques et sociales nées au milieu du XIXème siècle, dont le principe est de concevoir et d'appliquer des règles d’hygiène et de prévention de la santé publique (contre la peste et le choléra par exemple).

La taille de l’édifice varie selon les besoins de la population et les ressources financières de la commune.

Les bassins sont généralement de taille rectangulaire et la plupart du temps couverts. Ils sont alimentés par un captage de source ou construits près d’un ruisseau.

Contrairement à une idée répandue, les lavandières s’y rendaient pour rincer le linge et non pas toujours le laver. Le lavage ne nécessitant pas beaucoup d'espace et utilisant peu d'eau, cette opération pouvant se dérouler dans les habitations (buanderie, garage, annexe).

Les bassins des lavoirs sont le plus souvent simples mais ils peuvent parfois comporter deux bassins : un pour le lavage dans le bassin en aval, et l'autre pour le rinçage dans le bassin en amont. L'opération de rinçage n'engendrant que peu de souillure de l'eau puisque le linge est lavé précédemment, l'eau utilisée peut alors encore servir au lavage dans le bassin en aval.

En général, il y a un dallage au sol autour du lavoir, notamment s'il est couvert. Il garantit le bon état des lieux en dépit des débordements de l'eau.

 

La margelle, c'est le plan incliné du pourtour du bassin de lavage. Il facilite l'étalement du linge pour le laver, brosser, battre, essorer, défroisser.

Cette margelle est souvent d'une pierre monolithe (un seul bloc). Dans l'Ain et l'Isère, la margelle est fréquemment constituée de Choin de Villebois, reconnaissable par la présence de dentelle de Stylolithes ou stylolites, également appelé 'joint stylolithique', qui apparait en surface de la pierre, comme présenté sur la photo ici à droite.

La construction peut être également munie de bancs de lavoir. Ce sont des bancs de planche de bois ou de pierre de taille adossé aux murs intérieurs qui  servent d’étagère pour poser le linge et les effets des laveuses.

On trouve parfois des étendoirs : ce sont des barres en bois ou en métal suspendues au-dessus du bassin de lavage sur lesquelles le linge était mis à égoutter, ou également le long des murs intérieurs de la construction.

Le lavoir est exclusivement réservé aux lavandières. C'est leur espace de travail, d'échanges et de convivialité (même si assez régulièrement, il y avait de la tension dans l'air !).

Les lavoirs ont encore une place dans la plupart des villages même si le lave linge électrique a progressivement enlevé leur intérêt domestique . Ils sont dorénavant conservés et entretenus au titre du petit patrimoine.

 

23 février 2020