Miracles
Le paysan décida alors de bâtir
une petite chapelle là où la statue voulait demeurer.
Évidemment, tout cela se sut très
vite, et d'autres personnes accoururent pour prier.
L'évêque de Saint–Malo, évêque du lieu, autorisa le
culte. Très vite de nombreuses personnes vinrent
s'installer près de la Chapelle. Un monastère fut
construit. La cité de Josselin naissait.
Ce miracle aurait été suivi de
nombreux autres, si bien qu'une église aurait été érigée
sur les lieux.
Bientôt un seigneur vint établir
son château non loin de la chapelle. Il donna le nom de
son fils, Josselin, à la cité naissante. Conséquence
immédiate: les pèlerinages se multiplièrent.
Grâce à la construction de
plusieurs monastères et d'une église romane qui fut plus
tard reconstruite selon le style gothique, la cité
Josselin grandissait.
Les guérisons obtenues, la
prédication de Saint Vincent-Ferrier, le passage des
pèlerins du Tro-Breiz (voir l'encart ci-dessous) et de
ceux de Saint-Jacques-de-Compostelle élargirent le
rayonnement du sanctuaire. Et peu à peu, on demanda la
grâce d'être guéri de tous les aveuglements.
Au Moyen-âge, le tour
de la Bretagne ou Tro Breiz désignait le
pèlerinage en l'honneur des Sept Saints
Fondateurs de la Bretagne.
Les pèlerins allaient
s'incliner sur chacun des tombeaux des
saints évêques fondateurs: les saints Brieuc
et Malo dans leur ville, saint-Samson à
Dol-de-Bretagne, saint-Patern à Vannes,
saint-Corentin à Quimper, saint-Pol Aurélien
à Saint-Pol-de-Léon et saint Tugdual à
Tréguier.
Les anciens statuts du
chapitre de la cathédrale de Rennes
accordaient autant d'importance à ce Tro
Breiz qu'aux voyages de dévotion faits à
Rome, Jérusalem ou Saint-Jacques de
Compostelle.
Les commerçants et
artisans de Josselin devinrent prospères du
fait de ce mouvement de pèlerins. Les
habitants se multiplièrent.
En
avril 1891, le pape Léon XIII octroya à
l'église Notre-Dame-du-Roncier, le titre de
basilique mineure.
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En mai 1728, un autre
miracle se produisit : trois enfants du bourg de Camors,
dans le Morbihan, furent guéris d'un mal appelé
"aboiement", probablement une épilepsie.
Les archives paroissiales de Josselin
conservent encore un procès-verbal qui décrit avec
beaucoup de précision cette guérison miraculeuse
survenue lors du pardon.
Rappel des faits : trois enfants de la
paroisse de Camors, deux filles et un garçon, âgés de
six à douze ans, issus d'une même famille, s'étaient mis
à avoir des comportements anormaux, tombant en crise
plusieurs fois par jour en produisant des sons étranges.
Ils se calmèrent lorsqu'on leur fit boire de l'eau de la
fontaine Notre-Dame-du-Roncier, mais les crises
reprirent les jours suivants.
À la Pentecôte de 1728, on les amena à
Josselin, où avait lieu le pèlerinage, et ils furent
guéris. Cette guérison miraculeuse marqua le début du
« pardon des aboyeuses ».
Ce miracle donna au
pardon un caractère très particulier, et Josselin
devient le centre du pèlerinage "des aboyeuses" qui, en
réalité, souffraient d'épilepsie. De nombreux autres
miracles furent attribués à cette basilique, notamment
la guérison d'aveugles et de paralytiques.
Toute cette tradition de
Notre-Dame du Roncier fut écrite et publiée en 1666 par
un carme du prieuré de Josselin, le Père Isaac de
Jésus-Maria. En effet, au XVIIème
siècle, les pardons se multipliaient, surtout celui du
lundi de la Pentecôte. Ce jour-là, les pèlerins venaient
de toute la Bretagne.
Pendant la Révolution Française, la
statue en bois de Notre-Dame du Roncier a été volée par
les soldats républicains et brûlée. Mais une
paroissienne réussit à récupérer un fragment de la
statue, qui fut enchâssée dans une nouvelle statue
sculptée bien plus tard, et ce n'est que
le 8 septembre 1868 qu'elle fut
couronnée par les évêques de la région, au milieu d'une
foule immense.
Pendant la révolution toujours, le
mobilier et les objets métalliques et sacrés furent
vendus à des fabriques de canon. L'église devint un
magasin à fourrage.
Mis à part les travaux
du Père Isaac de Jésus-Maria, datant de 1666, on ne
possède pas de documents d'époque permettant d'affirmer
la tradition de la fondation de Notre-Dame du Roncier.
Cependant, les travaux de restauration ont montré que la
chapelle de Notre-Dame-du-Roncier, avait été construite
aux alentours de l'an mille et qu'elle fut ensuite
restaurée au XVème
siècle. De plus, le chœur de l'église actuelle montre
des vestiges de l'ancienne église.
Nous devons savoir aussi que
d'importants travaux de restauration se firent entre
1855 et 1900. Une nouvelle flèche fut érigée en 1949.
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Pardon des aboyeuses
Plusieurs auteurs ont décrit le
"pardon des aboyeuses" à partir du milieu du
XIXème
siècle : le philosophe Charles Jeannel, Hippolyte Violeau, Louis Hamon, etc.
Selon ces témoins, les aboyeuses
n'étaient jamais originaires de Josselin, mais
venaient de paroisses voisines ou éloignées.
Leur nombre était modeste : chaque année,
quelques femmes seulement présentaient les
signes caractéristiques de la crise.
Ces signes
se manifestaient à leur entrée dans la ville de
Josselin ou à la porte de l'église :
convulsions, chute, mouvements incontrôlables,
« aboiements », hurlements...
Plusieurs hommes
devaient se saisir de l'aboyeuse pour la
conduire jusqu'à la statuette de Notre-Dame-du-Roncier et la lui faire baiser
cette statuette. Lorsque les
lèvres de la femme touchaient la Vierge, la
crise cessait. On la menait alors jusqu'à la
fontaine pour lui faire boire de l'eau.
Sa poitrine se gonfle, sa gorge
siffle, une sorte de hoquet ou de sanglot s’en
échappe ; puis, tout à coup, elle jappe, elle
aboie, et si bien que les chiens lui répondent.
Ou bien elle hurle à pleine poitrine.
À la porte
de l’église, ces scènes pénibles redoublent de
violence ; l’aboyeuse fait des efforts
désespérés pour n’en point franchir le seuil.
Elle le franchit néanmoins. La foule s’écarte et
fait place.
’église retentit du choc des
souliers ferrés sur les dalles ; les aboiements,
les hurlements se mêlent au chant de l’office.
La voilà traînée jusqu’au pied du tronc, en
forme de petit autel, sur lequel est posée la
relique. Mais il faut lui faire appliquer les
lèvres sur la vitre du reliquaire, et elle
déploie une énergie diabolique pour échapper à
ce baiser fatal.
Deux hommes arc-boutent leurs
bras sous ses épaules afin de lui abaisser
invinciblement la tête avec leurs mains ;
d’autres lui ont saisi les bras et les jambes ;
les cris deviennent plus étouffés, les saccades
convulsives de ce corps, enfin dompté,
s’arrêtent. Elle a baisé la relique ! » (Charles Jeannel,
Les aboyeuses de Josselin, 1855).
H. de Kernouab décrit ainsi les
aboyeuses en 1888 : "On désigne par le nom
d'aboyeuses des femmes qui, sous l'empire d'une
certaine agitation nerveuse, jettent de petits
cris rauques assez semblables aux grognements
d'un chien".
Au début du XXème siècle la tradition
populaire fait état de femmes condamnées à ce
type de convulsions ou de comportements
étranges, en attribuant ce phénomène à de
mauvaises attitudes que ces femmes auraient
eues.
Le couronnement de Notre-Dame du
Roncier en 1868 s'accompagna du changement de
date du pèlerinage. Désormais, il aura lieu en
septembre. Malgré ce changement de date, le
phénomène des aboyeuses continua à se produire à
la Pentecôte. Bernard Rio rapporte un témoignage
selon lequel la dernière aboyeuse aurait été
observée en 1953.
Légende des aboyeuses
Une légende prétend expliquer
l'origine des aboyeuses. Elle raconte que des
femmes se trouvaient au lavoir lorsqu'une
vieille femme en haillons arriva et leur demanda
l'aumône. Les lavandières la chassèrent en
lançant leurs chiens contre elle.
La mendiante
dévoila alors qu'elle était la Sainte Vierge et
maudit ces femmes en les condamnant à aboyer
comme des chiens et à transmettre cette
malédiction à leurs descendantes.
Hypothèse d'explication
Selon Maryvonne Abraham, ce culte de
possession serait un souvenir du mythe de la
conquête de l'Armorique par Conan Meriadec : les
Bretons venus des îles de Bretagne (Îles
britanniques actuelles), vainqueurs des Gaulois
armoricains, n'épargnèrent que les femmes et les
filles auxquelles ils coupèrent la langue de
façon que leurs enfants ne parlassent plus la
langue maternelle.
Josselin est en pays gallo,
mais à la limite du pays bretonnant. Dans la
procession du pardon, les paroisses chantaient
chacune dans sa langue, bretonne ou gallèse ;
l'opposition des langues est traditionnelle à
Josselin.
La fontaine de
Notre-Dame-du-Roncier était fréquentée car ses
eaux étaient réputées guérir l'épilepsie, mal
probablement à l'origine de ce phénomène
d'hystérie collective que constituent les "aboyeuses".
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Étienne-Jean
Delécluze
Les aboyeuses de Josselin
(carte postale représentant le tableau)
Carte Postale
Une "aboyeuse" de
Josselin |
Pardon de Notre-Dame du Roncier
Le 8 septembre est la date emblématique du grand
pardon de Notre Dame du Roncier. Il perdure de
nos jours et draine
toujours des milliers de fidèles.
Le pèlerinage à Notre-Dame du Roncier existe
depuis plusieurs siècles.
En 1666, le père Isaac
de Jésus-Marie signale qu'il attire plusieurs
dizaines de milliers de fidèles chaque année à
la Pentecôte.
Le pardon de Notre-Dame du Roncier, également
connu sous le nom de pardon des aboyeuses de
Josselin, se tient dans la basilique.
Depuis 1728 et jusque dans les années 1950, il
arrivait que la procession soit accompagnée de
véritables aboiements.
Désormais, la procession se compose d'un porteur
de canne ferrée et de hallebarde, des porteurs
de Croix, des paroissiens portant les bannières
des patrons locaux, et se termine avec la
présence du duc et de la duchesse de Rohan,
accompagnés de l’évêque de Vannes, des prêtres
et des élus.
Une danse
macabre avait lieu dans la chapelle Nord
jusqu'au milieu du XIXe siècle.
Le Pardon annuel
Toute la cité est en fête et se pare des
couleurs mariales, le bleu et le blanc.
Le matin, de nombreux pèlerins arrivent des
paroisses environnantes, du diocèse, de Bretagne
et d’ailleurs.
A 10 h 30, la procession commence
sur le parvis de la basilique, emmenée par le
suisse, les petits suisses et le porte croix.
Les paroisses suivent avec leurs bannières
respectives…
Vers le milieu de la procession, s’avance la statue
de Notre Dame, entourée d’enfants habillés en
petits pages, les séminaristes, diacres,
prêtres, les évêques, celui de Vannes et
l’invité du pardon pour présider, puis les
autorités civiles et le reste de la foule.
Au chant des cantiques, les pèlerins se rendent
sur la place St Martin pour la messe pontificale
en plein air. Différentes chorales, accompagnées
des cuivres, entraînent les chants.
Après la
pause du midi, la prière du chapelet est
organisée. Les pèlerins s’y adjoignent puis les
vêpres commencent.
Ensuite, les pèlerins se
mettent en place pour la procession. Chants et
prières se succèdent avec le cantique le plus
significatif : "Lys fleuri parmi les épines".
A l’arrivée, les gens se rassemblent dans la
basilique et les rues voisines, sous le carillon
assourdissant des cloches et du bourdon. Les
évêques bénissent les malades.
La statue de
Notre Dame est placée dans le chœur, et un
fervent 'salve Regina' fait vibrer les voûtes.
L’évêque donne la bénédiction d’envoi.
Notre
Dame du Roncier est alors reconduite dans sa
chapelle à l'intérieur de la Basilique avec un dernier chant qui est dédié
:
"Marie, à toi sans retour. Marie, à toi notre
amour". |
Bannières lors de la Procession
Grand Pardon
Notre Dame du Roncier
Procession Grand Pardon
Procession le jour du Grand Pardon
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Architecture et
œuvres
Le mobilier
ancien conservé dans la basilique est
remarquable. Le décor du porche Sud est repris
au XVIe siècle
et exprime des influences de la Renaissance, qui
ont été vraisemblablement copiées sur le porche
Ouest de la basilique de Guingamp.
Ci-dessous,
quelques photos significatives de la qualité de
l'édifice : |
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Vue d'ensemble de la nef de la basilique (XVe
siècle) |
Le
portail occidental et sa magnifique
accolade à voussure triple (XVe siècle) |
La
Vierge à l'Enfant
(XVe
siècle) |
Christ-croix sur le clocher. |
Vue des grandes arcades de la nef vers le
bas-côté Nord. |
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Plan de la basilique Notre-Dame du Roncier. |
A droite :
La chaire à prêcher (1783), fer forgé et tôle,
de style rocaille
Réalisée par Eustache Roussin. |
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Monument aux morts et ses statues.
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Les
grandes arcades, la chaire à prêcher
et
le collatéral Nord. |
Le
combat des Trente, partie centrale
Atelier Jacques Gruber, Paris, vers 1931-1933. |
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Le Combat des Trente, soubassement avec écussons
des Rohan-Chabot. Atelier Jacques Gruber, Paris,
1933. |
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Baie
5 : le Combat des Trente
Atelier Jacques Gruber, Paris,
vers
1931-1933. |
Le Combat des Trente |
Baie 7 : la Naissance de Marie
Atelier Mauméjean, 1939. |
Baie
10 (vers 1470-1480
et
vers 1890-1895) |
Archange saint Michel
terrassant le démon.
Atelier Burckhardt et fils,
de Munich (1893). |
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Chapelle Nord dite de Notre-Dame du Roncier. |
L'autel latéral du Sacré-Cœur
dans le bas-côté sud. |
Le
maître-autel, exécuté par l'atelier V. Hernot de
Lannion, date de 1885. |
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L'orgue de tribune
Lehelloco, 1674. Restauré en 1990.
Le buffet d'orgue date de 1677. |
La
nef et l'orgue de tribune vus depuis le chœur.
Les bas-côtés sont pourvus de fausses voûtes
d'ogives en bois. |
Ste Cécile, Ste Jeanne, Ste Françoise
accompagnées deSt Hippolyte
et
de St Hervé.
Ferdinand Hucher, 1893. |
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En 1875, A. Meuret et J.
Lemoine, réalise un vitrail
présentant le Couronnement de sainte Anne
d'Auray. L'année de
création (1875) donne à ce vitrail une
connotation politique et sociale certaine.
Plusieurs évêques se tiennent sur le devant de
l'estrade, forts de la certitude de leur foi et
conscients de leur pouvoir sur les âmes.
Derrière eux, les notables affluent. Les
bannières sont celles de l'Église, du roi et de
la nation. Devant l'estrade, des paysans, un
genou à terre, s'inclinent humblement devant les
prélats. Les paysans soumis à l'Église, c'est
toute la Bretagne qui proclame sa foi. |
Le Pèlerinage de sainte Anne d'Auray, partie
centrale. |
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Baie
6, Sainte Anne d'Auray
Atelier d'A. Meuret et J. Lemoine, Nantes, 1875. |
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Baie
11 : sainte Cécile, sainte Jeanne et sainte
Françoise
accompagnées de saint Hippolyte et de saint
Hervé.
Atelier du Carmel du Mans, Ferdinand Hucher,
1893. |
14 novembre
2020
Note : Informations
issues essentiellement de 'Wikipédia' et de
'patrimoine-histoire.fr/P_Bretagne/Josselin/Josselin-Notre-Dame-du-Roncier'.
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