Basilique Notre
Dame de Joie |
LA BASILIQUE NOTRE DAME DE JOIE - PONTIVY (Morbihan)
Historique
Une pierre
commémorative placée entre les deux fleurons dominant le
portail occidental, rappelle que la première pierre a
été posée le 29 avril 1533.
Les
Pontiviens, dont l'église Saint-Ivy est trop petite et
tombe de vétusté, se mettent en devoir d'élever dans les
années 1530 un nouveau sanctuaire en forme de croix
latine, en partie grâce à l'aide financière de l'évêque
de Cornouaille Claude de Rohan.
Les armes de
la famille de Rohan figurent d'ailleurs au-dessus de la
double porte de la tour et leurs macles sont rappelées
sur les colonnes.
Selon la
tradition locale, une épidémie de dysenterie (maladie
infectieuse du côlon chez l’humain et l'animal, qui peut
être grave, aiguë ou chronique)
sévit sur la ville en 1695 et 1696.
Le 11
septembre 1696, les habitants auraient fait le vœu, si
le fléau cesse, d'offrir à la Vierge une lampe éternelle
en argent dans la chapelle consacrée à saint Ivy. |
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Basilique Notre
Dame de Joie |
L'invocation
de Marie ayant fait disparaître le fléau, la lampe
aurait été allumée le lendemain et une première
procession organisée en son honneur.
L'église est
alors placée sous le vocable de Notre Dame de Joie. En
réalité, le culte de la Vierge est plus ancien dans la
région et celui de Pontivy remonte au moins au siècle
précédent.
Depuis,
la tradition perdure, un Pardon étant organisé le 12
septembre ou le dimanche qui suit (désormais chaque
deuxième dimanche de septembre).
L'église est
transformée à la fin du XVIIIème siècle,
notamment grâce aux libéralités des ducs de Rohan, ainsi
qu'à la fin du XIXème siècle (la flèche, les
bas-côtés du chœur et les voûtes de la nef datent de
1886) afin de répondre à l'accroissement de la
population des fidèles.
Le 10
janvier 1959, le pape Jean XXIII lui octroie le titre de
basilique mineure.
Les parties
originelles conservées, le portail occidental et la tour
(exception faite de la flèche) de l'église font l’objet
d’une inscription au titre des monuments historiques
depuis le 20 juin 1925. L'église est ensuite inscrite
monument historique dans sa totalité par arrêté du 19
septembre 2018. Le buffet néo-gothique et la partie
instrumentale de l'orgue de tribune sont classés
monument historique par arrêté du 6 mai 1997.
En 2017,
l'animation de la paroisse est confiée par l'évêque de
Vannes à la congrégation de l'Oratoire. |
Architecture
L'église
fait un large appel aux granites locaux : granites
de Pontivy (faciès grossier comme pour le
clocher-porche et faciès fin très blanc) avec des
schistes et grès briovériens gris-vert, érodés.
Des additions successives ont fait perdre à
l'édifice son plan primitif en croix latine.
Le chœur
était flanqué au XIXème siècle de
collatéraux prolongeant les bas-côtés. Parmi les
pignons qui découpent la façade méridionale on
reconnaît encore, à son élévation, l'ancien
croisillon.
Les
fenêtres en arc brisé sont garnies de réseaux
restaurés au XIXème siècle
et sont surmontées de pignons aux rampants décorés
de crosses et choux.
Le
portail occidental est constitué par deux baies
jumelles en anse de panier, soulignées par une
double voussure moulurée de gorges et sculptées
de feuilles de vigne et de chêne.
Ces
baies sont surmontées d'accolades fleuronnées et
encadrées de trois colonnettes façonnées dans un
granite fin légèrement orienté qui traduit la
fluidité du magma lors de la mise en place de ce
granite à plusieurs kilomètres de profondeur.
Au-dessus de leur chapiteau se distinguent, sur
de légers pinacles, les losanges ajourés répétés
sur les trois colonnes frettées. Ces losanges
représentent les macles du blason de la maison
de Rohan.
Au-dessus de ce portail à deux baies, se
déchiffre difficilement. Néanmoins, avec quelque
habitude et une certaine connaissance de
l'épigraphie, on devine 'inscription suivante,
en moyen français de la Renaissance :
"le penultieme jour d'apvreil l'an mil cinq centz
XXXIII fut comancé ceste tour par les
paroessiens de Pontivi. J. Pedron, O. Roscoet,
miseurs et Le Bret mest". |
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Portail occidental |
Les deux
étages supérieurs sont percés sur chaque
face d'une longue fenêtre et couronnés par
une galerie flamboyante.
Cette
balustrade est chargée de gargouilles
animales et de pinacles d'angle.
Sur cette
base a été construit un tambour octogonal
(clocher flanqué de clochetons) à partir
duquel s'élève la flèche de pierre qui a
succédé, en 1886, à une charpente
d'ardoises. |
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La nef
La nef est à trois vaisseaux et se compose de
quatre travées.
Cette nef
communique avec les
bas-côtés par des arcades brisées à
plusieurs archivoltes. C'est quoi une
archivolte ?
Une archivolte est un ensemble
d'ornements, sculptures ou baguettes qui
encadrent une arcade en soulignant les
contours supérieurs et inférieurs de
l’arc.
Dans la basilique,Notre Dalme de Joie,
les archivoltes pénètrent dans des colonnes
engagées dans des piliers carrés.
Autrement dit :
Les grandes
arcades en tiers-points, à plusieurs
archivoltes, pénètrent dans des colonnes
engagées dans des piliers carrés.
Les piliers sont en granite à gros
grain.
La photo de droite présente le chœur et
son maître-autel à partir de la Nef. |
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Le retable et le maître-autel
Le retable et le maître-autel, en
pierre et marbre sculptés, sont de
1782.
Le
devant porte le nom de Jéhovah en
caractères hébreux et un tabernacle
en marbre muni d'une porte ouvragée
surmonte le maître-autel.
C'est sur cet autel que les fédérés
ont signé leur acte d'union le 19
janvier 1790.
Le retable du maître-autel
représente saint Ivy en évêque,
entouré de saint Pierre, de saint
Paul et de personnages tels que le
duc et la duchesse de Rohan qui ont
contribué par leur don de 600
livres, à reconstruire une partie
de l'église. |
Maître-autel
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Mémoire au Général de Lourmel
A droite du maître-autel, une plaque
de marbre, marque la place où repose
le cœur du général de Lourmel.
Frédéric Henry Le Normand de Lourmel est né le 12 juillet 1811,
au n° 6, rue Neuve à "Napoléonville",
dit
Pontivy depuis 1870.
Son histoire :
Fils de l’officier de carrière Louis
François Le Normand de Lourmel et de
Jeanne Minet de la Villepaye
(héritière du manoir du Vauclair en
Pléneuf), Frédéric Henry Le Normand
de Lourmel est issu d'une famille
noble bretonne.
Très
tôt, son père disparaît. Le jeune
Frédéric vit alors son enfance dans
un entourage exclusivement féminin
entre sa mère et ses deux sœurs.
Après des études secondaires au
Collège Royal de Napoléonville
(Pontivy), il
entre à l'école militaire de
Saint-Cyr le 15 novembre 1828 et en
sort sous-lieutenant le 1er
octobre 1830.
À
partir d'octobre 1840, il participe
à la conquête de l'Algérie par la
France. Il y reste une dizaine
d'années pendant lesquelles il se
distingue par sa bravoure en de
nombreuses expéditions.
Promu capitaine le 10 juillet 1838,
capitaine adjudant-major le 16
septembre 1840, il devient chef de
bataillon au 64ème régiment
d’infanterie de ligne, chef de
bataillon du 8ème chasseurs
à pied le 27 octobre 1845,
lieutenant-colonel du 8ème de
ligne le 8 novembre 1847, colonel du
51ème de
ligne le 25 novembre 1849. |
Il
s’illustre au combat et reçoit
treize citations à l'ordre de
l'Armée. Il est reconnu pour les
charges qu’il mène, baïonnette au
fusil et sabre en main, vers
l’ennemi, notamment à la bataille de
Zaatcha (Algérie) et lors de la
campagne de Kabylie, en 1850.
La
même année, il épouse Jeanne des
Roches de Chassey. Ce mariage
restera sans descendance et la
comtesse de Lourmel (1823-1870), une
fois veuve, deviendra dame d'honneur
de l’impératrice Eugénie.
Le
17 février 1852, sur proposition du
ministre de la guerre, il est nommé
aide de camp du Prince Président de
la République Napoléon III et reçoit
le grade de général de brigade le 10
mai suivant.
Il est tué le 7 novembre 1854 à la bataille
d'Inkerman en Crimée). Il n'a que 43
ans. Sa veuve fait transférer son
cœur dans l'église
Notre-Dame-de-la-Joie de Pontivy le
6 juillet 1861.
Une
statue du général est levée en 1861,
place Aristide-Briand (place
couramment appelée "La Plaine").
Cette statue
est démontée le 6 mai 1942 pour être
fondue.
Une
nouvelle statue provenant du village
algérien de Lourmel est installée
square Langlais en 1963 puis sur la
Plaine en 1994.
Cette sculpture fait partie de la
liste des œuvres d'art dans l'espace
public du Morbihan. |
L'aigle-lutrin (photo à
droite)
C'est quoi un lutrin ?
Un lutrin est un petit meuble pour
lire ou écrire commodément un livre.
Il est particulièrement utile si
l'ouvrage est volumineux ou précieux
et s'il ne peut être tenu à la main
(par exemple au cours d'une
cérémonie religieuse).
En Suisse
romande et au Canada, le mot
lutrin est aussi couramment
utilisé pour désigner un pupitre.
Cela nous convient bien.
Au grand
pupitre est associé un aigle.
Celui-ci fait référence
à l'évangéliste Jean dont son
attribut est justement l'aigle.
Cet aigle est
en bronze et
date du XVIIème siècle.
C'est
est un don du duc de Rohan.
A noter que les
serres de
l'aigle s'agrippent à une grosse
sphère de bronze qui symbolise le
globe terrestre.
Sur cette photo de droite présentant
l'aigle-lutrin, ou le pupitre doté
d'un aigle, on remarquera le
pavillon rouge et
jaune, couleurs du Vatican,
également appelé ombrellino
caractéristique d'une basilique.
Pour rappel, voici un
ombrellino en gros plan
ici.
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Aigle-lutrin |
Retable du croisillon Sud
Le retable du calvaire dans le bras
sud est en bois sculpté.
Il
date
du XVI-XVIIème
siècle. |
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Notre Dame de la Joie
La statue dédiée à
Notre-Dame de Joie ou de la Joie est
une statue qui rappelle la forme
classique représentative de la Vierge à l'Enfant.
La particularité réside dans le fait
que l'enfant est ici debout.
L'Enfant (Jésus), debout sur le
genou gauche de la Vierge (Marie),
tient le globe crucifère de la main
gauche et fait les geste de la
bénédiction de la main droite.
Les statues sont sculptées sur du
bois qui est peint en polychrome et
doré.
Ces statues datent vraisemblablement
du XVIIème siècle. |
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Les vitraux
Les vitraux sont l'œuvre de
Laumonnier de Vannes. Ils datent du
XIXème siècle. Le vitrail qui
représente l'Assomption de la
Vierge date de 1902. |
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L'orgue
L’orgue qui orne la tribune
en fond de nef est l’un des premiers instruments
d’Aristide Cavaillé-Coll.
Celui-ci venait de
s’installer à Paris en 1833
à l’âge de 22 ans et ses
premiers chantiers
concernèrent la Bretagne :
devis de restauration de
l’orgue de St Corentin de
Quimper (Finistère),
livraison de son opus N° 3 à
Lorient (Octobre 1838 -
Morbihan), puis Pontivy
(janvier 1839 - Morbihan) et
Dinan (février 1839 - Côtes
d’Armor).
L’instrument a été livré
à Pontivy en
1838 et achevé le 15 janvier
1839.
Le clavier de récit possède
une étendue de trois
octaves.
La console est tournée face
à la nef. Il n’est pas
certain qu’elle soit
d’origine.
En 1878, le facteur Louis
DEBIERRE de Nantes
(Loire-Atlantique), est
intervenu sur l’instrument
et l'a remanié.
En 1933 et 1946, c'est au
tour du facteur Paul-Marie
KOENIG de Paris d'intervenir
sur l’instrument. Il en
modifie la disposition.
En 1960 un relevage est
assuré par la maison
ROETHINGER de Schiltigheim
(Haut-Rhin).
En 1985, l’orgue a été
restauré par le facteur Jean
RENAUD de Nantes.
L’instrument a été classé
dans sa totalité aux
Monuments Historiques en
1994.
L’orgue est actuellement
entretenu par Nicolas
TOUSSAINT (Manufacture
Bretonne d’Orgues - Nantes). |
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26 novembre 2020
Note :
Informations issues essentiellement de 'Wikipédia' et du site
'orguesfrance.com/PontivyBasiliqeND'. |
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