Croix-crucifix de Kerséhan - Troguéry |
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Croix-crucifix de chemin de Kerséhan Croix-crucifix de chemin de Kerséhan Croix-crucifix de chemin de Kerséhan Croix-crucifix de chemin de Kerséhan Croix-crucifix de chemin de Kerséhan Croix-crucifix de chemin de Kerséhan Croix-crucifix de chemin de Kerséhan Croix-crucifix de chemin de Kerséhan Croix-crucifix de chemin de Kerséhan |
Cette croix de chemin se trouve à l'intersection de la route de "Ker Even Bian" avec la route "Le Cosquer. La croix se dresse sur un talus, face à une fosse de décantation de lisier qui se trouve de l'autre côté de la route sur une exploitation agricole. La croix est montée sur un emmarchement de deux degrés (deux marches ou deux niveaux) sur lequel on trouve un socle de forme légèrement pyramidale dont l'arête supérieure est chanfreinée. Le socle est monolithe (un seul bloc), en pierre de kersantite. Sur une face du socle, sont gravées des inscriptions : "KROAZ AR JUBILE 1869", traduit du breton en français, ça devient : 'Croix de Jubilé 1869'. Le millésime 1869 est vraisemblablement la date à laquelle la croix a été érigée. Au fait, c'est quoi un "Jubilé" ? Quelques explications ici. Cette croix est typique des créations des ateliers Yves Hernot de Lannion. Cette croix serait même très exactement une création d'Yves Hernot Père. A noter en effet, que le père et le fils Hernot portent le même prénom "Yves" : Yves Hernot père (1820-1890), Yves Hernot fils (1861-1929). Ils ont dirigé l'Atelier de sculpture Yves Hernot à Lannion de 1844 à 1929. Ils étaient spécialisés dans la création de croix, de calvaires, de tombeaux, de statues et de monuments aux morts. Près de 1000 édicules ont été réalisés sous leur direction. Sur ce socle, se dresse un haut fût, doté d'un chapiteau à couronne en sommet prolongé d'un croisillon à grandes branches, malheureusement amputées aux extrémités de chaque a branches horizontale. Le chapiteau est lacéré d'une couronne en fer pour renforcer sa protection contre d'éventuels risques de dégradation ou de cassure. Ce fût présente à la surface des boules ou de rugosités : ce sont des écots. Le fût s'assimile à un tronc d'arbre garni de branches sectionnées à proximité du tronc. Le "fût à écots, dit écoté" symbolise l'arbre de vie selon certains, mais pour d'autres, les écots représentent les tumeurs de la peste. Ce sont des bubons et dans ce cas, les vœux émis au pied de la croix de ce type étaient censés cesser la maladie ! Or, jadis, les malades venaient parfois gratter leurs plaies contre les écots, pensant guérir plus vite, mais en réalité, cela ne faisait qu'aggraver la situation en se sur-contaminant sur les lambeaux laissés sur le fût par les autres ! Le croisillon est doté d'un Christ, sculpté en demi-bosse. Au dessus de la tête du Christ, on distingue un phylactère circulaire ou 'Titulus Crusis' portant le texte 'INRI' qui est l'abréviation du latin "Jesus Nazarenus Rex Iudaeorum" qui signifie : "Jésus le Nazôréen, roi des Juifs". Le Christ en croix est représenté en court périzonium noué (pagne qui servait de caleçon durant l'Antiquité). Les pieds du Christ crucifié reposent sur un suppédaneum de forme triangulaire. Cet édicule, considéré comme une croix ou un calvaire, est plus exactement un crucifix puisque le seul personnage présent sur la croix est le Christ crucifié. C'est même un crucifix dit 'de peste' puisque le fût présente des écots en rappel des bubons de la peste. Et tant qu'on y est, ce crucifix de peste est également une croix de mission : la totale ! 17 décembre 2020 |