Les fontaines votives, aussi appelées "à ou de
dévotion",
et la croyance de la population…
La définition de base d'une fontaine est une
construction, généralement accompagnée d'un bassin, de laquelle jaillit
de l'eau.
Une fontaine peut être naturelle, c'est-à-dire alimentée par une source
ou faire partie d'un réseau de distribution d'eau
Les fontaines ont participé
à l'hygiène publique, limitant le risque de choléra ou de maladies
véhiculées par les puits susceptible d'être contaminés par les
excréments et eaux usées. Certaines fontaines sont utilisées en guise
d'abreuvoir.
Les fontaines sont en ville,
un élément encore utilisé comme tel dans certains parcs et jardins.
En Bretagne, maîtres de l'eau comme du feu, les druides
et divinités prononçaient des paroles
magiques qui rendaient l'eau des fontaines capables de guérir les
maladies, de féconder ou de prévoir. Elles avaient soi-disant des propriétés thérapeutiques. Le clergé chrétien, pour
faire oublier cette origine, donna aux fontaines des protecteurs, saints
vénérés dans la chrétienté toute entière, ou bien moines et saints
hommes venus au VIème et au VIIème siècle, avec leurs paroisses, du pays de
Galles, de Cornouailles et d'Irlande, fuyant l'envahisseur saxon.
Dès la fin du Moyen Age, puis au moment de la Renaissance bretonne, au
XVIIème et XVIIIème siècle, de charmants édifices furent
construits au-dessus des bassins où surgissaient des eaux. Souvent, ils
se trouvaient dans l'enclos paroissial ou à l'extérieur ou encore à
l'entrée du village. Ils ont la forme de petites chapelles à ciel
ouvert.
Une niche aménagée dans la pierre sert d'abri à une statue du
saint patron. Cette statue a souvent disparu pour ne pas dire volé. Dans
le meilleur des cas, certaines ont été retirées et conservées dans un
endroit sécurisé (ouf, contente mais je ne vois plus personne dit-elle à
présent !!! C’est un martyr !!!).
Il existe en Bretagne une fontaine
de croyance pour chaque problème : faire tomber
la pluie, faire briller le soleil, favoriser de bonnes récoltes, faire
revenir l’être aimé, tomber enceinte, réussir à un examen scolaire,
guérir d’une maladie…
On distingue trois sortes de pratiques rituelles miraculeuses auxquelles
les fontaines sacrées à ou de
dévotion donnent lieu :
|
les rites de guérison : l'eau guérit les rhumatismes, la
goutte, la rage, les fièvres, les maladies d'enfants. C'est le cas par
exemple de la
fontaine Saint Yvy à Lannion où lorsqu'un enfant est malade, il convient de plonger une de ses
chemises, ou autre vêtement au choix de même type mais à manches
longues, dans l'eau de la fontaine. Si les manches surnagent, c’est que
la guérison n'est pas loin. |
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Les rites de divination ou de prédiction : elles
permettent de connaître la date d'un mariage ou la santé d'un enfant à
naître. C’est le cas de la
fontaine des Cinq plaies à Servel où on jette une épingle sur l'eau pour prédire la suite de
ses amours ou encore à
Saint-Efflam, ce n'est pas très loin de Lannion, où les jeunes filles jettent dans
l'eau courante une épingle ou un brin de paille, ou un morceau de pain dont le parcours, plus
ou moins réussi, prédit un mariage proche ou lointain. |
|
Les rites de protection du bétail qui permettent de guérir les
bovins et les chevaux notamment. C'est le cas de
Saint Nicodème à Pluméliau dans le Morbihan. C'est aussi le cas de La Madeleine (Sainte Marie-Madeleine et Saint Eloi) également à Pluméliau.
Pour cette dernière, à l'issue de la messe du
pardon, les fidèles se dirigeaient en procession vers la fontaine Saint
Eloi à quelques 500 m de là sur la route de Kertutour, et au
retour, il y avait bénédiction des chevaux, des chevaux de trait
presqu'exclusivement. Dans les années 1965, la bénédiction des chevaux
a été remplacée par la bénédiction des voitures achetées dans l'année.
Alors là, ce ne sont plus les mêmes chevaux!!! ni les mêmes vapeurs!!!
mais ça pète quand même. |
A présent, voici une liste,
loin d'être exhaustive, des
fontaines à ou de dévotion
et ou de croyances du secteur de Lannion Trégor Communauté :
Lanmodez |
ND de Boan |
A
la réputation de guérir les enfants dont les membres
inférieurs sont malades ou atrophiés, et qui de ce fait, ont
du mal à marcher. |
Lannion |
Petits cochons |
A la réputation
de guérir les maux des cochons, petits et grands… cochons. |
Lannion |
St Ivy |
Un vêtement d'un
enfant lancé dans la fontaine, s'il flotte, la guérison est
proche. |
Lanvellec |
St Carré |
A la réputation
de guérir du rachitisme, de la dépression et de la
langueur. |
Lanvellec |
St Goulven |
A la réputation
de guérir les petits cochons et également les maladies des
yeux. |
Lanvellec |
St Gonéry |
Saint Gonéry est
invoqué pour guérir de la fièvre et trouver les choses
égarées. |
Loguivy-Plougras |
St Yves |
Fontaine de dévotion liée à la chapelle St Yves |
Plouaret |
St Jean-Baptiste |
A la réputation
de soulager les rhumatismes et les maladies oculaires. |
Plouaret |
St Maudez |
A la réputation
de guérir les furoncles et les abcès. |
Plouguiel |
St Laurent |
A la réputation
de guérir les petits cochons. |
Plounérin |
St Kirio |
A la réputation
de guérir
les plaies, panaris, furoncles : la fontaine était autrefois
pleine de clous utilisés avec succès pour percer la partie
infectée du corps. |
Rospez |
St André |
A la réputation
de guérir les enfants atteints de la coqueluche. |
Trélévern |
St Adrien |
A la réputation
de prédire l'avenir des enfants. |
Trévou-Tréguignec |
St Guénolé |
Saint invoqué
par les femmes de marins pour qu'il protège leurs maris
absents. |
Et plus
généralement, voici ce qui est dit... dans les
chaumières :
Tout pour se guérir. Faut y croire !
Pour avoir les yeux en forme et face des trous.
Les maladies des yeux étaient censées se
guérir en allant à la fontaine à Sainte-Appoline
(Prat), à Saint-Jean-Baptiste (Plouaret) Saint-Goulven
(Lanvellec). Les malvoyants, eux, ont plutôt rendez-vous
à Notre-Dame de la Clarté (Perros) pour aller se rincer
l'œil, surtout le 15 août, jour du pardon,
Saint Jean de Réchou (Plounérin).
Contre
les rhumatismes et mal de dos : Il faut absolument
se rendre à la
fontaine Saint Jean de Réchou (Plounérin).
Pour les furoncles et autres sympathiques
abcès.
Ceux qui n'ont pas trop mal aux pieds
peuvent courir à Saint-Antoine (Pommerit-Jaudy),
Saint-Maudez (Plouaret), Notre-Dame de Kerdelahaye (Plounévez-Moëdec),
Saint-Kirio (Trédrez-Locquémeau), Notre-Dame de
Bon-Voyage (Plounérin), Saint Kirio (Ploumérin).
Pour les problèmes de peau :
fontaine de Crec'h Run à Plougrescant,
mais attention, pour une guérison garantie,
il fallait absolument prendre l'eau miraculeuse de
la fontaine que la nuit. La guérison ne s'obtient que si
on n'est pas vu !
Pour accoucher tranquilles.
Rien ne vaut un p'tit tour à la fontaine
Sainte-Pompée de Langoat. Et une fois bien nés, les
bambins pouvaient aussi y faire des premiers pas
précoces. Sinon les fontaines Sainte-Marguerite (à
Saint-Quay-Perros ou à Lannion) peuvent s'en charger.
Pour que junior marche bien.
Allez lui donner un petit bain à
Notre-Dame des Vertus (Mantallot), Notre-Dame de
Kerivoalan (Tonquédec), Sept-Saints d'Éphèse ou Trinité
(au Vieux-Marché), Saint-Kémo (Trédrez-Locquémeau),
Saint-Mélar (Plouzélambre), Saint-Haran (Plestin).
Pour que bébé n'ait pas mal au ventre.
La fontaine Saint-Riec de
Trélévern est en triste état, donc risque de
gastro-entérite quand même, faut pas rêver... Il est
donc plus « sûr » d'aller à Saint-Ivy (Loguivy-Plougras),
Saint-Gonval ou Saint-Maudez-Bégaignon (Penvénan).
Pour une bonne fécondité.
Saint-Guénolé (Trévou-Tréguignec),
Sainte-Jeune (Plounévez-Moëdec), priez pour nous !
Pour échapper au service militaire.
L'usage était d'aller faire faire une
trempette à sa chemise à la fontaine de Minuit
(Minihy-Tréguier) puis de s'habiller de la dite chemise
au moment du tirage au sort des inscrits. L'histoire ne
dit pas si ça marche pour le service civil.
Pour trouver un mari.
Fontaine Sainte-Brigitte de Confort-Berhet.
Pas la peine de s'y précipiter en ce début d'hiver. Le
portrait du futur aimé est censé apparaître les trois
premiers lundis de mai, en soirée (ça changera du
programme télé).
Pour savoir si on va le garder.
A l'Ile-Grande, Saint-Sauveur pouvait
« prédire le destin de l'union de deux fiancés ». En
jetant deux morceaux de pain et en espérant que les deux
mies se rejoignent. Ah, ma mie ! Pour être sûr,
on peut recommencer l'opération à Saint-Efflam (Plestin)
ou tenter le coup à Saint-Sauveur (Pleumeur-Bodou). Ça
ne mange pas de pain...
Pour savoir si vous avez la cote auprès
d'une fille. Il
suffit de jeter une épine à la fontaine des Cinq plaies
de Lannion... et qu'elle flotte.
Attention, ça ne rigole pas !
Il était fortement risqué de jeter une chemise d'enfant
sur le bassin de la fontaine Saint-Adrien de La
Roche-Derrien, désormais disparue. « Si la chemise
s'enfonce, l'enfant mourra », prédisait-on. Idem à
Saint-Ivy de la Rive (Lannion) où il ne fallait pas que
le collet de la chemise coule.
Pour soigner les cochons.
On peut envoyer promener ses gorets un
peu partout : à la fontaine Saint-Laurent (Plouguiel),
Saint-Antoine (Pleumeur-Bodou), Saint-Uzec (Pleumeur),
Saint-Gilles de Kerroué (Le Vieux-Marché), Saint-Vincent
de Ploumilliau, Saint-Tuder (Tréduder).
Et les autres bestiaux ?
Pour les chevaux, il n'est plus possible de cavaler
jusqu'à la fontaine Saint-Gildas de Penvénan mais ils
peuvent toujours venir manger un bout de pain béni au
pardon des chevaux. Conquêtes de l'homme et bovins se
font protéger à la fontaine de Christ de Trégrom, et les
bêtes à cornes à Saint-Herbot (Ploumilliau). Quant aux
moutons, filez à Saint-Jean-Baptiste (Plouaret).
En bonus : les fontaines « jokers »
bonnes pour tout !
Saint-Yves (Minihy-Tréguier), Notre-Dame
de Cîteaux en Penvern (Trébeurden), Saint-Yves (Le
Vieux-Marché), Saint-Tugdual (Trédrez-Locquémeau),
Notre-Dame de Pitié en Saint-Carré (Lanvellec),
Saint-Maudez (Plestin).
On ne pas dire qu'on n'a pas ce qu'il faut pour être aidé
et guéri n'est-ce-pas !
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